Le nombre et la longueur des réseaux de chaleur ont quasiment doublé en dix ans, révèle l'enquête publiée par l'association Amorce, le Syndicat national du chauffage urbain et de la climatisation urbaine (SNCU), la Fédération des services énergie environnement (Fedene) et l'Agence de la transition écologique (Ademe).
En 2019, 798 réseaux de chaleur (418 en 2009) ont desservi 5 964 kilomètres (3 321 km en 2009) pour livrer 25,6 térawattheures (TWh) de chaleur (23,4 TWh en 2009). La chaleur desservie est également bien plus verte : les énergies renouvelables et de récupération représentaient, en 2019, 59,4 % du mix énergétique des réseaux de chaleur, contre 31 % en 2009.
Malgré cette progression, la filière demeure inquiète : « Sans accélération, nous ne pourrons ni atteindre les objectifs de la loi énergie climat, ni ceux de la programmation pluriannuelle de l'énergie [PPE] », estime Aurélie Léhéricq, présidente du SNCU. Alors que la chaleur renouvelable représentait 141 TWh en 2019 (soit 21 % de la chaleur consommée en France en 2019), la PPE prévoit qu'elle atteigne entre 218 et 247 TWh en 2028. Les réseaux de chaleur ont quant à eux délivré 15 TWh de chaleur renouvelable en 2019. « La vitesse de développement est deux fois inférieure à ce qu'elle devrait être », prévient Nicolas Garnier, délégué général d'Amorce.
Les prix bas des énergies fossiles freinent la compétitivité de la filière qui, sans subventions, peinerait à se développer. Le Fonds chaleur a permis d'accompagner, en dix ans, la création de 2 800 km de réseaux, indique Fabrice Boissier, directeur général délégué de l'Ademe. « Jusqu'en 2012, nous étions dans la bonne trajectoire. Mais alors qu'une accélération était nécessaire, les financements n'ont pas suivi. Depuis deux ou trois ans, les aides ont enfin augmenté, ce qui va permettre de rattraper le retard », souligne-t-il.
Le groupe de travail, mis en place par le Gouvernement, a présenté des mesures pour lever les freins au développement des réseaux de chaleur. Plusieurs travaux ont été engagés pour mobiliser les communes de 10 000 habitants, faire évoluer les modèles de concession, faciliter le recours au classement des réseaux et accroître leur compétitivité.
Cependant, le décret sur la rénovation du tertiaire et la future réglementation thermique RE 2020 inquiètent la filière : « Les méthodologies de calcul sont favorables au tout électrique », alerte Nicolas Garnier.